3 000 € par mois : minimum salarial à l'Assemblée Nationale pour un "porte serviette" ! Mais que fait-on dans la Fonction Publique Territoriale ?

Publié le par dgsmairiemetierarisque

Bazar Les résultats de l'audit de la cour des comptes sur le fonctionnement de l'Assemblée nationale vient de tomber. Pour ceux qui connaissent la maison, ces résultats n'ont rien de surprenant.

Premier point, sur lequel Bernard Accoyer insiste lourdement pour essayer de masquer le reste, il n'y a pas eu de comportement délictuel repéré. Les fonctionnaires de l'Assemblée nationale sont honnêtes. Première non surprise.

Deuxième point, les travaux immobiliers dont le cout a dérapé. Comme tout chantier de grande envergure,il y a des avenants car tout chantier connait des aléas. Pour avoir suivi de près (et bien malgré moi) les travaux en 2006-2007, j'ai eu vent de très désagréables surprises dans les sous-sols du 101. Les travaux de rénovation ont révélé des malfaçons datant de la construction de l'immeuble. Apparemment, les responsables du chantier en ont eu des sueurs très froides. Cela a même motivé le déplacement sur les lieux des plus hauts responsables (Jean-Louis Debré en tenue de chantier, ça valait la photo).

Troisième point, qui ne surprend pas non plus, les salaires des fonctionnaires de l'Assemblée. Ils sont scandaleux ! Et ça ne date pas d'hier. Certains justifient leur salaires comme les administrateurs dans les commissions, véritables bêtes de somme ou encore les agents du plateau (chez nous, c'est l'ensemble des salons bordant l'hémicycle), qui passent leur temps à ne rien foutre et à être là au cas où on aurait besoin d'eux. Je vous jure que nerveusement, c'est pas évident ! Pour le reste, cela s'explique par la volonté des questeurs successifs d'éviter les remous : on supaie pour acheter la paix sociale. Avec 3000 euros par mois (salaire de base et heures de nuit) pour un simple agent, on ferme sa gueule et on touche le chèque !

Quatrième point, pas plus surprenant, le coût des "petites commodités" des députés. Quand je vais réserver le transport pour mon parlementaire, et que j'entends les destinations pour certains, j'en frémis. Certainement que toutes ne sont pas à la charge de l'Assemblée, mais il y en a. Je ne parle même pas des "missions" dont certaines donnent lieu à des rapports bidon. Cette année, le must était d'aller aux conventions US. Avouez que le lien avec le travail parlementaire français est assez ténu. Et c'est comme ça pour beaucoup de choses. Pour les députés, l'Assemblée, c'est "open bar".

Cinquième point, les gaspillages purs et simples. Juste un exemple dont je peux parler billets d'avions et chambres d'hôtel annulés à la dernière minute, ou carrément pas pris, donc pas ou mal remboursés. Il y a là un mélange où les députés ont leur part de responsabilité, mais où l'assemblée  aurait pu être plus stricte. Le député est une espèce capriceuse, qui change tout à la dernière minute, qui veut et puis qui ne veut plus. Sans bien entendu avoir aucune notion de ce que cela coûte, voire pour un nombre non négligeable, s'en foutant éperdument. Il serait bon que l'Assemblée se montre un peu plus stricte et établisse des règles visant à refacturer aux députés les coûts manifestement abusifs résultant de leur caprices. Ca calmerait certains. Surtout que c'est possible ! Sur les chambres d'hôtel, il a été fixé que si la résidence Saint-Dominique (résidence hotelière de l'Assemblée) n'est pas complète, on ne rembourse pas les chambres prises à l'extérieur. Et cela a été appliqué (même si ce fut bien mollement).

Le principal reproche que l'on puisse faire à la gestion de l'Assemblée nationale, c'est son amateurisme ! Personne n'a les compétences professionnelles pour exercer les fonctions techniques de gestion qui lui sont dévolues, à tous les étages ! Acheteur, conducteur de travaux, gestionnaire paie, cela ne s'improvise pas, c'est un métier ! Or à l'assemblée, les fonctionnaires sont recrutés sur des concours généralistes de type universitaire. Et une fois rentrés dans la maison, il peuvent occuper n'importe quel poste, passer de la rédaction de rapports pour la commission des finances à la direction des parcs et jardins. Ils font ce qu'ils peuvent, mais avec leur limites.

Il va falloir que les services de gestion de l'Assemblée nationale se professionnalisent ! Et il y a du boulot, car c'est tout le système qu'il faut reprendre à la base. Fini le principe de la carrière avec ses fonctionnaires censés être polyvalents, il faut recruter sur des profils de poste et ne pas hésiter à aller piocher en dehors de la maison, dans les entreprises, des gens dont c'est le métier !

Il faudrait aussi, mais là, on peut rêver, que les questeurs soient bien plus stricts vis-à-vis de leurs collègues députés et les responsabilisent sur cette question des coûts. Mais comme ils sont élus par leurs collègues, ils ne peuvent pas aller trop loin et prendre le risque de mécontenter leurs électeurs...

Extrait du site http://www.journaldunassistant.typepad.fr

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